Le miel, aliment non pĂ©rissable, peut ĂȘtre consommĂ© toute lâannĂ©e et au cours des diffĂ©rents repas de la journĂ©e. En Bretagne, son usage a donnĂ© naissance Ă diffĂ©rents aliments devenus des spĂ©cialitĂ©s comme le miel de sarrasin ou le chouchen. Mais connaissons-nous vraiment ce dĂ©licieux aliment au goĂ»t si particulier ?
Les super-pouvoirs des abeilles
Avant de pouvoir ĂȘtre dĂ©gustĂ©, un bon miel aura nĂ©cessitĂ© un travail de fabrication de longue haleine par les abeilles. Savez-vous que, pour produire 500 g de miel, les abeilles ouvriĂšres d’une ruche butinent plus de 8 millions de fleurs et que plus de 7000 heures de travail leur sont nĂ©cessaires ?
Du printemps Ă lâautomne, dĂšs que les plantes sont en fleurs, les abeilles ne comptent que sur les stocks de nectar pour fabriquer le miel. La majeure partie du miel sera produit entre juin et aoĂ»t. Ce sont les abeilles butineuses qui partent Ă la chasse aux fleurs. Elles transportent le nectar dans leur jabot oĂč dĂ©bute une transformation chimique. De retour Ă la ruche, toutes les abeilles sâactivent et sâorganisent en Ă©quipe : chaque membre a un rĂŽle bien dĂ©fini. Les abeilles butineuses rĂ©gurgitent le nectar dans le jabot des abeilles magasiniĂšres, oĂč le processus de fabrication du miel sâeffectue. GrĂące Ă leurs enzymes salivaires, le miel se crĂ©e ! Il est ensuite disposĂ© dans les alvĂ©oles par les magasiniĂšres et ventilĂ© par le battement des ailes des abeilles ventileuses. Ainsi l’eau du miel sâĂ©vapore pour une meilleure conservation de celui-ci.
Elles dĂ©posent ensuite une fine couche de cire pour fermer lâalvĂ©ole. Lâapiculteur peut utiliser de la cire gaufrĂ©e neuve que les abeilles vont transformer en alvĂ©oles ou des anciens cadres de hausse avec les alvĂ©oles dĂ©jĂ formĂ©es par les abeilles prĂ©cĂ©demment. Ainsi les abeilles ne sâĂ©puisent pas Ă les fabriquer.
L’apiculteur ne va pas rĂ©cupĂ©rer le miel Ă la petite cuillĂšre ! La cire qui recouvre les alvĂ©oles est dâabord enlevĂ©e, câest la dĂ©soperculation, puis le miel est mis dans une centrifugeuse pour lâextraire des alvĂ©oles. Il est ensuite filtrĂ© avant dâĂȘtre mis en cuve de maturation, Ă une tempĂ©rature de 20°C, pendant plusieurs jours, le temps quâune Ă©cume se forme. Une fois cette Ă©cume, non comestible enlevĂ©e, le miel est alors prĂȘt Ă ĂȘtre mis en pot.

TrÚs présentes en Bretagne, les fleurs de sarrasin sont butinées par les abeilles et cela donne naissance au miel de sarrasin. Récolté de mi-juillet à mi-septembre en Bretagne, ce miel à la teinte brune a un goût et une odeur trÚs prononcés, rappelant la réglisse.
Les fleurs de bruyĂšre et de bourdaine constituent Ă©galement une source de nectar pour les abeilles bretonnes, qui fabriquent ensuite les miels dits âgĂ©ographiquesâ de la rĂ©gion.
Fleurs de sarrasin Fleurs de bruyĂšre Fleurs de bourdaine
Ă Renac, en Ille-et-Vilaine, SĂ©bastien Bricard vend dâexcellents miels de sarrasin.
Le miel, essentiellement composĂ© de glucides (fructose et glucose) et dâeau, peut contenir jusqu’Ă 200 composĂ©s, tels que les protĂ©ines, sels minĂ©raux, vitamines, enzymes, qui influent sur son arĂŽme et ses diffĂ©rentes propriĂ©tĂ©s remarquables.
Chaque miel prĂ©sente des bienfaits pour la santĂ© propre aux fleurs butinĂ©es. Par exemple, le miel de bruyĂšre est bon pour le systĂšme urinaire, le miel de blĂ© noir riche en fer est un atout pour lutter contre l’anĂ©mie.
Naturel antiseptique respiratoire, il est utilisĂ© pour soigner les maux de gorge et lutter contre les rhumes. De plus, les enzymes quâil contient facilitent la digestion des glucides. On lui attribue aussi des propriĂ©tĂ©s cicatrisantes, car il possĂšde des agents bactĂ©riostatiques.
Enfin, il contient des flavonoïdes, substances antioxydantes qui préviennent certains cancers et maladies cardio-vasculaires.
Le miel, une bonne alternative au sucre de table
Le miel a un indice glycĂ©mique moins Ă©levĂ© que le sucre blanc, mais a un pouvoir sucrant supĂ©rieur. Il apporte en effet un goĂ»t sucrĂ© plus important pour une moindre quantitĂ©, il est Ă©galement moins calorique : il est donc prĂ©fĂ©rable de favoriser le miel au sucre blanc. La consommation dâun miel avec une forte teneur en fructose, tel que le miel d’acacia, est recommandĂ©e au petit-dĂ©jeuner car il apporte de lâĂ©nergie continuellement lors de la matinĂ©e sans provoquer de pic glycĂ©mique.
Lâusage du miel conviendra trĂšs bien sur une crĂȘpe, en nappage sur du fromage blanc, mais aussi dans des plats salĂ©s : par exemple, sur un toast de chĂšvre fondu, pour assaisonner une viande ou pour agrĂ©menter une vinaigrette !
Plusieurs points sont Ă retenir pour bien lâutiliser en cuisine :
- Il faut réduire la quantité de miel par rapport à la quantité de sucre, son pouvoir sucrant étant supérieur, Il est conseillé de le manger cru pour bénéficier de toutes ses qualités nutritionnelles et gustatives.
- Il est recommandé de consommer le miel avec modération, comme tout produit sucré.
- Ă tempĂ©rature ambiante et Ă lâabri de la lumiĂšre.
- Il est possible de le garder des annĂ©es, le miel Ă©volue avec le temps et peut fermenter si les conditions de conservation ne sont pas correctes. La lĂ©gislation impose une DLUO sur les pots de miel. On estime qu’au bout de 5 ans il perd progressivement ses propriĂ©tĂ©s si les conditions de conservation sont respectĂ©es.
Bien choisir son miel
Trois critĂšres sont essentiels pour bien choisir son miel : sa provenance, sa composition et son origine florale.
Il est malheureusement compliquĂ© de connaĂźtre les compositions exactes de certains miels. Les risques de fraude par ajout dâeau, de sucre ou de sirop de glucose sont Ă©levĂ©s. En effet, en 2014, l’UFC-Que Choisir a montrĂ© que sur 20 miels « premier prix » achetĂ©s dans diverses enseignes de la grande distribution, six prĂ©sentaient des ajouts de sucre, soit presque un tiers des produits.
Ainsi, privilĂ©gier lâachat auprĂšs des apiculteurs prĂšs de chez soi permet de connaĂźtre la traçabilitĂ© du miel et de vĂ©rifier sa composition.
On distingue deux types de miel en fonction de leur origine florale. Les miels polyfloraux ou “toutes fleurs” qui sont les plus produits et donc les moins chers, et les miels monofloraux, lorsque les abeilles ne butinent quâune seule espĂšce de fleurs, comme le miel de sarrasin, dâacacia, de thym⊠Choisir un miel monofloral permet de le sĂ©lectionner en fonction des bienfaits liĂ©s aux fleurs butinĂ©es. Ces miels monofloraux se distinguent aussi par leur goĂ»t et leur couleur plus prononcĂ©s, en fonction des nectars de la plante butinĂ©e. Les miels foncĂ©s sont plutĂŽt forts et longs en bouche, le miel de ronce a un parfum plus lĂ©ger, voire pĂ©tillant, le miel de tilleul a la particularitĂ© dâĂȘtre mentholĂ©âŠ
La consistance crémeuse ou liquide dépend de sa teneur en glucose : plus il en contient, plus il cristallise et devient crémeux (comme le miel de colza, de tilleul, de tournesol ou de trÚfle).
Ă PloĂ«rdut, dans le Morbihan, Les miels de la Fontaine Airmeth ont un cheptel composĂ© de 150 Ă 200 ruches labellisĂ©es biologiques et proposent plusieurs types de miels (ronce, chĂątaignier, forĂȘt et sarrasin), ainsi que des spĂ©cialitĂ©s de miels aux Ă©pices (citron poivre de Sichuan, curcuma Galanga ou graines de sarrasin grillĂ©es).
Lâalcool de miel breton
“Alcool traditionnel breton, au goĂ»t de miel, je fus trĂšs apprĂ©ciĂ© par les Celtes, qui suis-je ?” – Le chouchen !
Dans le langage courant, les Bretons nomment parfois ce breuvage hydromel breton. Or, on distingue le chouchen de lâhydromel. Ces boissons sont toutes deux obtenues Ă partir de la fermentation du miel, mais le chouchen se diffĂ©rencie par lâajout de jus de pomme, de moĂ»t de pomme ou bien encore de cidre dans sa recette. Ce sont les levures des pommes qui sont responsables de la fermentation, alors que pour lâhydromel, ce sont les levures du miel.
Ă la fin du XXe siĂšcle, le chouchen a Ă©tĂ© supplantĂ© par le cidre et la biĂšre. Mais avec un degrĂ© dâalcool entre 12 et 15°, il existe de nombreuses nouvelles utilisations culinaires surprenantes qui remettent cette boisson au goĂ»t du jour : moules au chouchen, grog breton, kir celtiqueâŠ

En Bretagne, il existe de nombreux producteurs de chouchen comme La ferme apicole de Johanna Harris, apicultrice Ă Bannalec. Cette ferme a la particularitĂ© dâĂ©lever des abeilles noires, une espĂšce bretonne rare et protĂ©gĂ©e. Leur chouchen est fabriquĂ© dans des grandes barriques en chĂȘne ! Elle vend Ă©galement des miels de sarrasin et de bruyĂšre.
Conceptrices de miel et pollinisatrices, les abeilles sont les sentinelles de la bonne santĂ© environnementale. NĂ©anmoins, elles sont de plus en plus menacĂ©es par les activitĂ©s humaines et par les parasites varroa destructor. Ă lâĂ©chelle du consommateur, des gestes simples peuvent sauver ces insectes qui façonnent lâĂ©cosystĂšme terrestre. La mise en place de parcelles de fleurs et lâarrĂȘt dâutilisation dâinsecticides dans les jardins favorisent leur dĂ©veloppement.
Enfin, lâachat dâun miel local permet de sâassurer de sa provenance, de sa qualitĂ© et de soutenir les apiculteurs bretons⊠Vous les retrouverez tous sur la plateforme !